Je n’ai rencontré Bruno Racine qu’une seule fois, il y a bien longtemps, lors d’un festival bd plutôt champêtre dans un petit village des Hautes-Pyrénées.
A l’époque, il venait de lancer un fanzine qui cartonnait bien, dans les Hautes-Pyrénées en particulier : « Je vois pas le rapport ! ». J’aurais bien aimé joindre une ou deux planches à cet article, malheureusement, impossible de mettre la main sur mon exemplaire : il a disparu…
Nous avions sympathisé tout de suite pendant la pause déjeuner du samedi midi, au cours de laquelle, je ne sais pourquoi, nous avions parlé taboulé. Il était tellement passionné par la bande dessinée que, très vite, notre conversation avait dévié sur le taboulé dans la narration séquentielle, sujet duquel il avait tiré, l’après midi même, un formidable scénario au croisement du western moderne, de la science-fiction et du polar noir.
J’ai su par la suite que ce projet très prometteur, à l’humour grinçant et au suspense insoutenable, n’avait malheureusement jamais trouvé d’éditeur.
Bruno à cette époque avait écrit quelques scénarios de bd qu’il signait Lewis Trondarbre, pseudonyme qui a été repris presque à l’identique, en hommage à Bruno, par un dessinateur que nous connaissons tous.
Mais il n’arrivait pas à trouver d’éditeur. Ça le désespérait et il m’avait parlé très sérieusement, lors du repas du soir, au dessert, d’abandonner la bd et de se tourner vers le roman.
Je me souviens avoir pensé que c’était un délire dû à l’abus de rosé de Provence dont nous avaient gentiment abreuvé les organisateurs. Mais non : j’ai compris, quelques temps plus tard, à la sortie de son premier roman « Le gouverneur de Morée », qu’il avait bien abandonné l’idée de devenir l’un des scénaristes incontournables de ce qu’il préférait par dessus tout : la bande dessinée.
#freeBrunoRacine